Le STRONG, au cœur de l'orientation

Posté le 03 juin 2019 par
Isabelle WIBAULT, Psychologue Consultante Associée The Myers-Briggs Company

Valériane, jeune femme de 35 ans, arrive dans notre centre avec une demande d’accompagnement en bilan de compétences car elle a fait le tour de son métier et n’y trouve aujourd’hui plus aucun intérêt.

 

Après avoir démarré sa carrière comme vendeuse dans le prêt-à-porter, elle saisit l’opportunité d’exercer l’activité de visuel merchandiser. Même si elle y a pris beaucoup de plaisir, le métier manque aujourd’hui de saveur : on lui demande de répliquer la même mise en scène et le petit espace de liberté qu’elle avait jusque-là pour tout aménager s’est au fil du temps restreint comme une peau de chagrin. 

Elle arrive donc en février avec beaucoup de questions : faut-il poursuivre une carrière dans le secteur du commerce en cherchant un nouveau produit à vendre ou bien se réorienter en fonction de ses centres d’intérêts grandissant ? 

L’histoire de vie (biographie auto raisonnée) réalisée au début du bilan de compétences met en relief des informations qui, combinées aux résultats du STRONG, donnent du sens à son parcours. Le fil conducteur est progressivement tiré.

Les sujets liés à l’environnement l’interpellent. Bac scientifique en poche, elle commence une 1ère année en biologie mais le système universitaire ne lui convient pas.  Pour faire la jonction entre l’arrêt de ses études à la fin du 1er semestre et une inscription au BTS de chimie, elle décroche un poste de vendeuse dans lequel elle finit par s’installer : son job étudiant devient son emploi définitif.

Dans son enfance, elle apprécie le dessin. Adulte, elle s’investit pleinement dans la décoration intérieure de sa maison. Professionnellement, elle s’oriente très vite dans le merchandising car elle aime la possibilité de rendre un espace attrayant.
Dans les 1ères années de sa fonction, c’est l’ouverture des magasins et l’implantation à réaliser qui étaient très motivants. La disparition de cette partie de son métier a participé à l’effritement de sa motivation. Ce désintérêt est toutefois compensé par les occasions de transmission de consignes avec pédagogie pour permettre à des collègues vendeuses d’évoluer et les encourager à participer au travail de mise en scène lui plait.

L’investigation et l’analyse des compétences de son parcours professionnel font ressortir son intérêt à soutenir et former le personnel, à prendre des initiatives et des responsabilités, à diffuser l’information et surtout le travail des jeux et lumières pour valoriser son activité de mise en scène de l’espace, des vitrines…

Ce qui l’intrigue, c’est que 2 ans avant ce bilan de compétences, elle a entamé des recherches sur les métiers de l’environnement et du développement durable. Recherches vite abandonnées, les études lui paraissant trop longues, trop techniques alors que la préoccupation est là. Pourquoi n’est-elle pas allée jusqu’au bout. Quelque chose n’était pas juste mais quoi ?


A la présentation des 6 grands types d’activité de l’inventaire d’intérêts STRONG, elle indique être d’abord attirée par l’Analytique et être tournée vers la recherche, avoir un attrait pour les choses ordonnées, et être attirée par l’expression libre, tournée vers les idées.

Elle découvre ensuite les Domaines Professionnels Généraux, allant du niveau d’intérêt le plus élevé au moins élevé et comparé à une population de même sexe. Le trio gagnant donne : Artistique : Score élevé ; Investigateur : Score élevé et vient en 3e intérêt, le Social : Score modéré.

Un parallèle intéressant sera fait en fin d’analyse, avec un travail effectué au tout début du bilan, à savoir que ferait-elle de son argent si elle gagnait au loto : En 1er, partir en mission humanitaire pour aider les gens. En 2ème, se cultiver : apprendre l’histoire des villes, le patrimoine culturel, architectural, artistique… En 3ème, faire des études de scénographie pour monter des expositions attractives et pédagogiques et sensibiliser au développement durable ou bien suivre une formation dans la parfumerie tournée vers le bio.

livre etudes

Si elle est étonnée que ressorte si fortement et en 1er son intérêt pour l’Artistique, elle l’est moins pour l’Investigateur qu’elle explique par son côté scientifique à rechercher toute information qu’elle aime mettre à la portée des gens : vulgariser une découverte, l’illustrer, mettre en page et partager les informations… 

Pour aller plus loin, l’analyse s’affine et s’approfondit, en entrant au cœur des domaines généraux avec l’exploration des secteurs d’intérêts.
Là, c’est encore la surprise car très peu d’intérêts présentent des scores élevés. Au niveau Artistique les métiers du spectacle ont un intérêt très élevé pour elle et au niveau des Arts visuels et conception, ses intérêts sont également élevés. Elle se verrait bien évoluer dans le milieu culturel, à mettre en place des festivals, des expositions, rencontrer les acteurs de la ville pour les aider à promouvoir des événements et la valorisation de la ville. 


Les autres secteurs de bases analysés montrent son intérêt pour des domaines spécifiques liés aux sciences sociales et à la science en général. Au niveau des échelles de style personnel du questionnaire d’intérêts STRONG, son goût pour l’apprentissage ressort fortement.

pinceaux artiste
Jusque-là, le travail a consisté à éveiller sa réflexion à partir des intérêts « désenfouis » issus des résultats aux questionnaires sur les 6 domaines généraux et l’affinage réalisé à partir des 30 domaines spécifiques.
Ce travail sur les intérêts aide Valériane à comprendre ses inspirations professionnelles en indiquant les activités dans lesquelles elle serait à l’aise. Les questions de l’inventaire abordant largement les intérêts en termes de métiers, de matières scolaires, de savoir-faire professionnels, de loisirs, de catégorie de personnes à rencontrer régulièrement et a ainsi permis d’effectuer des allers et retours entre le passé et le présent. Valériane a pu investiguer en prenant le temps de se poser des questions sur ce qu’elle voulait faire et où elle voulait le faire.

Mais le STRONG offre une 3e particularité qu’est la partie qui aborde la similarité, c’est à dire l’identification du degré de similarité entre les intérêts de Valériane et ceux des personnes exerçant des métiers et qui en sont satisfaits. 

Tout ce travail d’avancer en « eau profonde » au cœur de ce qu’on est, de ce qu’on aime, de ce qu’on veut a permis spontanément à Valériane de se mettre en route pour enquêter et compléter sa vision. Valériane devient alors pleinement auteure de sa destinée professionnelle et creuse le sillon du chemin à prendre grâce à la confrontation entre le possible et la réalité en fonction de ses valeurs, de ses compétences, de contraintes et concessions dont elle doit tenir compte.

Elle retient une série de métiers qu’elle décide donc d’explorer et qui l’amèneront vers 3 projets : infographiste, visuel merchandiser dans le milieu culturel et Animatrice en charge de projets culturels.

Lors du suivi à 6 mois de son bilan, elle me dit que grâce au bilan, elle a pu enfin décider de la suite à donner à sa carrière.
Une femme déterminée se dresse devant moi. Elle a repris à titre personnel des cours de dessins à l’école des Beaux-Arts. Et de m’annoncer avec conviction avoir trouvé le domaine et la formation qu’elle souhaite suivre.

Et oui ! Aujourd’hui elle a décroché le titre professionnel d’infographiste metteur en page. Elle vit donc mieux maintenant son emploi de visuel merchandiser car elle sait où elle veut se projeter, a mis en place les 1ers jalons de sa reconversion et a réorienté ses recherches d’emplois. 


Isabelle WIBAULT Psychologue Consultante, Associée The Myers-Briggs Company

 

 

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